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Histoire des stéroïdes anabolisants

Pour comprendre les stéroïdes anabolisants, il est important de retracer leur histoire et leur développement depuis leurs origines jusqu’à aujourd’hui.

Les origines des anabolisants

Le culturiste Arnold Schwarzenegger et les stéroïdes anabolisants

À l’origine, l’hypothèse était que les testicules étaient nécessaires au développement de l’homme et au maintien de ses capacités sexuelles. Peu après, cette hypothèse a été développée par un scientifique nommé Berthold et ses expériences sur des coqs en 1849. Il leur a retiré les testicules et les coqs ont perdu de nombreuses caractéristiques communes aux mâles de cette espèce (telles que leurs fonctions sexuelles). En 1849, nous savions donc que les testicules étaient essentiels à ce que nous considérons comme les propriétés sexuelles primaires de l’homme. Berthold a également constaté que l’ablation des testicules et leur transplantation dans l’abdomen n’avaient pas d’incidence sur les fonctions sexuelles des coqs. Lorsque les oiseaux ont été disséqués, on a également observé qu’aucune connexion nerveuse n’avait été créée et que la pilosité des coqs avait considérablement augmenté. Cela montre que les testicules agissent sur le sang et Berthold en conclut que ce sang a alors un effet systémique sur l’ensemble du corps. L’histoire des stéroïdes anabolisants a réellement commencé avec cette simple série d’expériences.

Leopold Ružička et les stéroïdes anabolisants

Augmentation du taux de testostérone

Plus tard, en 1929, une procédure de récupération et de production d’un concentré puissant à partir de testicules de taureau a été tentée, et c’est en 1935 qu’une forme plus pure de cet extrait a été créée. Un an plus tard, un scientifique nommé Ruzicka synthétise la testostérone à partir du cholestérol, suivi par deux autres scientifiques, Butenandt et Hanisch. La testostérone est bien sûr le premier stéroïde anabolisant jamais créé et reste la base de tous les autres dérivés utilisés aujourd’hui en médecine. La testostérone a ensuite été utilisée en 1936 dans une autre expérience qui a démontré qu’il était possible d’augmenter l’excrétion d’azote d’un chien castré en lui donnant de la testostérone en plus et même d’augmenter son poids. Une rumeur qui n’a jamais été prouvée veut que les nazis aient donné des stéroïdes anabolisants à leurs soldats. Par la suite, d’autres expériences ont été menées et ont prouvé que la testostérone était un anabolisant très puissant chez l’homme. Plus tard, entre 1948 et 1954, les sociétés pharmaceutiques Searle et Ciba ont commencé à synthétiser plus d’un millier de dérivés et d’analogues de la testostérone.

L’histoire des stéroïdes dans l’athlétisme commence

En 1954, le Dr John Ziegler a participé aux championnats du monde d’haltérophilie à Vienne, en Autriche, en tant que médecin officiel de l’équipe soviétique. Les Soviétiques ont dominé la compétition cette année-là, battant facilement plusieurs records du monde et remportant des médailles d’or dans toutes les catégories. La rumeur veut que Ziegler ait avoué que des injections de testostérone ont été pratiquées sur ses athlètes. À leur retour des championnats du monde, les Américains ont immédiatement commencé à utiliser cette méthode d’injection pour vaincre les Soviétiques. Le médecin de l’équipe américaine a également collaboré avec le laboratoire Ciba pour tenter de synthétiser une substance encore meilleure et plus puissante que la testostérone pure. C’est ainsi qu’en 1956, la méthandrosténolone a été créée, prenant le nom de Dianabol. Dans les années qui ont suivi, les petits comprimés oraux de dianabol rose ont pris une place prépondérante dans le programme d’entraînement de nombreux haltérophiles. En 1960, l’écart de performance entre les haltérophiles de Ziegler et le reste du pays est évident, et il est encore plus grand avec les Soviétiques. C’est également dans les années 1960 qu’un autre stéroïde anabolisant a été mis au point et utilisé pour traiter les retards de développement chez les enfants atteints du syndrome de Turner. À cette époque, de plus en plus de médecins américains ont commencé à expérimenter les stéroïdes. De nombreuses études ont été menées sur des athlètes qui les utilisaient pour tenter d’augmenter leurs performances. En 1967, le Conseil international olympique a interdit l’utilisation de stéroïdes anabolisants au nom du principe de précaution (dopage), et au milieu des années 1970, la plupart des grandes organisations sportives ont fait de même.

Les stéroïdes aux Jeux olympiques

Juste avant l’interdiction des stéroïdes aux Jeux olympiques, la République démocratique allemande (RDA) a lancé un programme de synthèse de nouveaux stéroïdes anabolisants pour ses athlètes dans plusieurs catégories sportives. Le résultat de cette recherche reste à ce jour la plus vaste collection d’informations sur l’utilisation de stéroïdes chez les athlètes. Malgré la petite taille de leur pays, ils ont réussi à dominer les différents sports, rivalisant avec les États-Unis et l’Union soviétique. En 1972, le CIO a lancé un programme de dépistage des drogues à grande échelle. En 1982, le Conseil international olympique a mis au point un moyen de détecter les niveaux excessifs de testostérone chez les athlètes : le test d’épitestostérone. Les taux de testostérone et d’épitestostérone sont ensuite évalués et comparés. Si le taux de testostérone est 6 fois plus élevé que le taux d’épitestostérone, on peut conclure qu’une certaine forme de testostérone a été utilisée par le sportif. Ce niveau a priori non naturel met en évidence que le sujet est dopé. Mais le CIO était déjà en retard, comme d’habitude : la RDA avait déjà mis en pratique sur ses athlètes une nouvelle forme de testostérone qui se dispersait rapidement dans le corps. Les athlètes ont passé le test du CIO trois jours après leur dernière injection. Ils ont ensuite mis au point un protocole permettant à leurs athlètes de continuer à utiliser des stéroïdes. Plus fort encore, la société allemande Jenapharm, qui fournissait déjà des stéroïdes aux athlètes, a même développé un produit (épitestostérone) à administrer aux athlètes, leur permettant de ramener le taux de testostérone à la normale tout en continuant à utiliser des stéroïdes. Leurs méthodes de dopage étaient si avancées qu’elles sont passées inaperçues pendant de nombreuses années jusqu’en 1989, lorsque l’information a été divulguée à la presse occidentale : un programme systématique d’administration de stéroïdes anabolisants et de dissimulation parrainé par le gouvernement. C’est ce scandale qui a contribué à créer la mauvaise réputation que les stéroïdes anabolisants ont encore aujourd’hui. Ironiquement, c’est aussi dans les années 1990 que les stéroïdes anabolisants ont commencé à être utilisés par les médecins pour améliorer la longévité des malades du sida et du cancer.

Les stéroïdes aux États-Unis

Un scénario identique se déroule aux États-Unis. Avant 1988, les stéroïdes n’étaient prescrits que sur ordonnance en tant que médicaments, conformément à la classification de la FDA (Food and Drug Administration). Cependant, ils n’ont pas été contrôlés. En 1988, l’adoption de la loi antidrogue a placé les stéroïdes dans une catégorie de prescription totalement différente, assortie de sanctions juridiques très sévères en cas de vente ou de possession illégale. La possession et la distribution de stéroïdes étaient considérées comme un crime. Le Congrès américain a ensuite ajouté les stéroïdes à la “liste III” de la loi, plaçant ces produits anabolisants au même niveau que les amphétamines, les méthamphétamines, l’opium et la morphine, avec des sanctions identiques pour l’achat et la vente. Ce projet de loi a été adopté sans le soutien de l’American Medical Association, de la FDA, de la DEA ou du National Institute on Drug Abuse. Les stéroïdes font à nouveau parler d’eux avec l’introduction des prohormones, développées et commercialisées par Patrick Arnold. C’est à ce moment-là que l’histoire des stéroïdes fait son entrée dans le baseball aux États-Unis.

Stéroïdes et baseball américain

Jusqu’alors, la Major League Baseball n’avait pas de programme de dépistage des stéroïdes. Jusqu’à ce que Mark Maguire, un athlète américain qui voulait battre le célèbre record de home-run de Roger Maris, soit surpris par un journaliste avec un flacon d’androstendione dans son casier (l’androstendione n’est pas un stéroïde mais une prohormone). Les stéroïdes ont à nouveau fait la une des journaux et des médias, restant dans l’actualité même après l’affaire où un athlète a été contrôlé positif ou a admis en avoir consommé. Dans les années 2000, les stéroïdes ont de nouveau fait parler d’eux lorsque les prohormones ont été introduites en masse. C’est à ce moment-là que la présence de stéroïdes dans le baseball a commencé à être mise en évidence. Peu après que le célèbre record de Roger Maris a été battu, un autre joueur de baseball, Jason Giambi, et d’autres ont été identifiés comme utilisateurs. Le Congrès a organisé une audition et n’a pas déterminé que les stéroïdes constituaient un danger, mais plutôt qu’il appartenait aux organisations sportives professionnelles de surveiller et de réglementer leur utilisation. La loi a été mise à jour, donnant une définition officielle du terme stéroïde : aux États-Unis, un “stéroïde anabolisant” désigne toute drogue ou substance hormonale, chimiquement et pharmacologiquement liée à la testostérone (autre que l’œstrogène, le progestatif, les corticostéroïdes et la déhydroépiandrostérone).

Les stéroïdes aujourd’hui

Aujourd’hui, l’utilisation des stéroïdes est en augmentation. Une récente étude sur Internet a conclu que l’utilisation de stéroïdes anabolisants chez les haltérophiles et les culturistes se poursuit, y compris dans l’athlétisme où l’utilisation serait en augmentation. En outre, l’utilisation légale des stéroïdes anabolisants se poursuit pour de nombreux problèmes médicaux, allant du traitement de l’andropause ou de la ménopause à l’accélération de la guérison des victimes de brûlures. Les stéroïdes continuent également d’aider et d’améliorer la qualité de vie des patients atteints du sida et du cancer du sein et de lutter efficacement contre l’ostéoporose.