La lutte contre le dopage à la recherche d’un nouveau produit : l’arimistane

L’AMA a mis à jour la liste des produits interdits. La Russie est préoccupée par la présence d’une substance contenue dans les compléments alimentaires. Le spectre du meldonium n’est pas loin.

Mieux vaut prévenir que guérir. Mieux vaut prévenir un autre scandale que d’essayer de ripoliner (une fois de plus) une image ternie. Comment expliquer autrement que la Russie anticipe les événements de cette manière ? Figurant sur la liste des produits interdits depuis le 1er janvier, l’arimistane – mentionné notamment dans les compléments alimentaires et les boissons énergisantes – va-t-il générer un scandale similaire à celui du meldonium ?

Début décembre, Irina Krouglova, directrice par intérim de la Clinique fédérale du sport et de la réhabilitation à Moscou, et ancienne porte-parole du ministère russe de la Défense, a ouvert une lettre ouverte : “À l’attention des athlètes, des médecins et des entraîneurs ! L’arimistane, qui figure sur la liste des produits interdits par l’AMA, ne pouvait pas entrer dans la composition de certains compléments alimentaires (neuf au total) destinés aux sportifs. ” Face à cet avertissement, Richard Virenque se serait exclamé : ” Dopé à mon insu de mon plein gré “.

L’Ancien directeur du Laboratoire suisse d’analyse du dopage (LAD), Martial Saugy explique : “Au départ, ce produit était utilisé pour traiter le cancer du sein ou des ovaires chez les femmes pour faire baisser le taux d’œstrogènes. Le patron du Swiss Olympic Medical Center et médecin adjoint au service de l’appareil locomoteur du CHUV, Gérald Gremion poursuit : ” L’arimistane – Androsta-3,5 diène 7,17 dione de son nom scientifique – agit comme un anabolisant”. Très populaire auprès des culturistes, il augmente le niveau de testostérone et évite les effets secondaires de cette hormone. Il ne devrait pas être donné aux femmes. ” Problème récurrent : l’arimistane est disponible sur le grand souk d’Internet, sous forme de gélules ou de compléments alimentaires. Un marché que rien ne régule.

“L’arimistane peut devenir le nouveau meldonium”, a prévenu Vladimir Ouïba, chef de l’Agence fédérale russe de médecine biologique. L’année dernière, le scandale a touché 158 athlètes d’élite, dont 44 Russes. Parmi ceux-ci, Maria Sharapova. Martial Saugy s’abstient de toute comparaison avec le meldonium, “l’arimistane est un vrai médicament qui a une formule stéroïdienne”. Aujourd’hui professeur associé à la tête du Centre de recherche et d’expertise en sciences antidopage de l’ISSUL, notre interlocuteur ajoute, d’un air entendu : “L’arimistane a été ajouté à la liste des produits interdits. Sans être exhaustive, celle-ci comporte plus de noms. Cela permet de traiter plus de cas et d’éviter de longues discussions au tribunal.

Moduler les hormones

Martial Saugy laisse son esprit vagabonder avant d’ajouter : ” Si l’on cherche à éviter les effets secondaires, c’est (sans doute) qu’il y avait un piège en amont “. Il y a donc de fortes chances que l’arimistane ait été utilisé dans un contexte de dopage. Lorsque nous devons moduler les hormones, c’est qu’il y a plus qu’une simple spéculation, qu’un simple risque d’en faire un usage abusif. ”

Cette position de la Russie sur les pattes arrière ne surprend pas Gerald Gremion qui invite chacun à lire le rapport de Richard McLaren. ” L’histoire de ce dopage d’État en Russie depuis 2011 se lit comme un roman. Toujours à la limite de ce qui est autorisé, volontiers menteurs, les Russes font ce qu’ils veulent en la matière. Je me souviens m’être senti très seul lors d’un contrôle antidopage effectué à Saint-Pétersbourg. ” Que pense Lucky Luke (I’m a poor lonesone cow-boy) de la grande solitude du DCO ?